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Dermatoses professionnelles

Dermatoses professionnelles
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I- Définition :

Les dermatoses professionnelles sont des affections cutanées dont l’apparition et le développement sont liés au travail.

Cette définition regroupe en fait deux catégories distinctes de dermatoses :

1- Les dermatoses d’origine exclusivement professionnelle :

Dont le lien causal est bien établi entre l’apparition et l’aggravation de la dermatose et des conditions de travail : cas des dermites d’irritation aux solvants et cas des eczémas de contact allergique (eczéma au ciment).

2- Les dermatoses aggravées par l’activité professionnelle :

Ce sont des affections endogènes pouvant se manifester cliniquement lors de certaines activités professionnelles ou être aggravées par le travail : cas du psoriasis des mains suite à des microtraumatismes répétés ou même des frictions mécaniques répétées (perçage et ponçage) et cas de l’eczéma atopique des mains ou dyshidroses qui est aggravé par le travail en milieu humide ou au contact d’irritants (huiles solubles).

II- L’importance des dermatoses en médecine du travail :

– Développements industriel et agro-alimentaire,
– Nouveaux matériaux et produits chimique,
– Formation insuffisante à l’hygiène et à la prévention,
– Utilisation inadaptée des produits de nettoyage et de protection cutanée.

III- Classification :

Autrefois les DP étaient classées en deux types (classification de Sezary) :

Actuellement les DP sont classées selon les facteurs étiologiques :

IV- Diagnostic en milieu professionnel :

A- Anamnèse :

Doit préciser :

– Avant ou après l’activité professionnelle ?
– Consécutive à un changement de produit chimique ?

B- Enquête professionnelle :

La démarche est la suivante à travers l’enquête professionnelle :

– Sont en quelles matières les gants que vous portez ?
– Quels produits de nettoyage des mains utilisez-vous ?
– Quelles crèmes de protection utilisez-vous ?

C- Examen clinique :

Il est capital d’examiner tout le tégument avec recherche d’autres localisations :

1- Dermites irritatives de contact :

– Xérose avec fine desquamation et disparition des empreintes digitales en cas d’atteinte des doigts,
– Souvent une hyperkératose réactionnelle,
– Crevasses parfois profondes et douloureuses qui se surinfectent.

2- Eczéma de contact allergique :

– Première phase de sensibilisation : débutant dans l’épiderme demeure 4 à 7 jours pour aller à son terme,
– Deuxième phase de réintroduction : lorsque la peau est de nouveau exposée au même allergène alors l’eczéma apparaît rapidement en 24 à 48 heures.

– Aéroporté (produits volatils),
– Manuportés (mains souillées touchant le visage et les cuisses).

– Erythème prurigineux,
– Apparition de vésicules associées ou non à un oedème ou à des bulles,
– Suintement,
– Régression avec apparition de croûtes et desquamation.

– Placards erythémato squameux mal délimités, prurigineux,
– Peut se surinfecter, s’impétiginiser avec apparition de croûtes jaunes épaisses associées à une fièvre et à des ganglions douloureux.

Eléments de diagnostic différentiel entre eczéma de contact et dermite d’irritation

Critères de distinction Dermatose d’irritation Dermatose allergique
Délai d’apparition Rapide (min ou heures) Après exposition 24 à 48 h après une

sensibilisation

préalable

Fréquence collective Individuelle
Symptômes

subjectif

Brûlures Prurit
Aspect clinique Lésions érythémato squameuses,hyperkeratosique avec fissures (eczéma sec) Lésions vésiculeuses souvent très congestives (eczéma humide)
Limites des lésions Nette à la zone de contact Déborde la zone de contact avec bords émiettés
Eruptions secondes absentes Parfois présentes
Histologie Necroses keratinocytaires Reactions inflammatoires discrete Spongiose- exocytose
Tests epicutanés Négatifs Positifs et pertinents avec la clinique

V- Professions exposées :

Les secteurs professionnels présentant plus de risque pour la santé

– Ciments (chromate et cobalt),
– Peinture et vernis (résine époxy, acrylates, polyuréthane).

– Désinfectants,
– Détergents,
– Caoutchouc des gants (latex),
– Médicaments.

– Colorants,
– Produits de permanente,
– Produits à mèches (persulfates),
– Outils métalliques (nickel).

– Composants des huiles de coupe,
– Métaux et poussières métalliques.

– Caoutchouc des gants,
– Antiseptiques pour les mains,
– Désinfectants de surface.

VI- Explorations allergologiques de l’eczéma de contact :

Le diagnostic d’eczéma de contact allergique est confirmé par des tests cutanés :
– Pour la prise en charge médicale
– Pour la prise en charge ultérieure en maladie professionnelle (la pratique des tests cutanés à l’allergène professionnel est un des éléments essentiel)
– Démarche initiale passe par une recherche rigoureuse d’identification des substances en milieu du travail

– Le site testé doit être indemne de toute dermatose,
– Les tests doivent être réalisés au moins deux semaines après la guérison complète cutanée du site de test
– Les tests doivent être maintenus en place durant au moins 48 h,
– Durant la période de pose et de lecture des tests, il ne faut ni mouiller ni les décoller donc il ne faut ni bain ni sport et éviter les traumatismes cutanées : transpiration, friction et pression,
– Pas de dermocorticoïdes sur le site de test depuis au moins 1 semaine, pas de corticothérapie générale ou d’immunosuppresseur par voie systémique depuis 1 mois,
– Les anti-histaminiques ne modifient pas la réactivité cutanée au patch test,
– La technique : comprend l’application du produit dilué dans une substance neutre non allergisante (acétone ou vaseline) sur des pastilles qui sont fixées sur la peau du dos par un sparadrap hypoallergénique et sont laissées in situ pendant 48 h.
– La lecture : se fait à Tissue de ses 48 h et jusqu’à 96 h, 30 minutes après l’enlèvement du matériel afin de permettre l’atténuation de l’effet de pression générateurs de faux négatifs,
– II existe une batterie standard comportant une vingtaine d’allergène les plus fréquemment responsable d’allergie et des batteries spécifiques soit à des professions (batterie coiffure) ou à un groupe de produits (batterie colles, matières plastiques),
– Interprétation : Score International Contact Dermatis Research Group (ICDRG) utilisé à chaque lecture des tests épicutaés.

Score Interprétation Lésions élémentaires
NT Non testé Sert à coter un allergène manquant dans une série
Négatif Absence de réaction
+ ? Douteux Erythème simple
+ Réaction positive faible Erythème et œdème
++ Réaction fortement positive Erythème, œdème et vésicule bien visibles
+++ Réaction violemment positive Erythème, œdème et vésicule coalescentes ou bulles
IR Réaction d’irritation Œdème absent, aspect fripé

– Test ouvert (open test) : le produit est appliqué sur la peau de la face de flexion de l’avant bras sans occlusion, après vérification du PH. utile pour tester des produits professionnels dont l’effet irritant est inconnu,
– Test semi ouvert : même que le précédent mais celui-ci est recouvert après 20 minutes. Utile pur tester des produits dont la composition est inconnue (colles, peinture, résines…),
– Prick test : la peau est percée par une lancette et une goutte d’allergène est déposée sur la peau, la lecture se fait après 20 minutes .utile pour tester l’urticaire et les dermatites de contact.

VII- Prévention :

A- Prévention technique :

1- Prévention collective :

2- Prévention individuelle :

Apprentissage des gestes professionnels corrects :

B- Prévention médicale :

1- Visite d’embauche : on écartera les sujets présentant des antécédents de dermatite atopique des postes exposant au contact avec des substances connues pour leur pouvoir allergisant mais aussi irritant en raison de la vulnérabilité de la peau.

2- Visite périodique : Le médecin du travail doit chercher les signes d’intolérance cutanée, muqueuse, respiratoire ou générale pour décider d’un éventuel écartement du poste dangereux.

Assurer un suivi régulier de la dermatose.

VIII- Réparation :

La réparation des dermatoses professionnelles est réalisée par l’intermédiaire d’environ 30 tableaux de maladies professionnelle :

– Tableau numéro 64 : lésions eczématiformes de mécanisme allergique,

– Tableau numéro 41 : maladies professionnelles engendrées par les pénicillines et leurs sels et les céphalosporines,

– Tableau numéro 47 : affections professionnelles provoquées par le bois.

Cours du Dr Guennoun. – Faculté de Constantine

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