Introduction :
- Les dermocorticoïdes (DC) ont été utilisés en dermatologie à partir des années 1950, leur utilisation a été une révolution thérapeutique en dermatologie
- Il existe actuellement une vingtaine de molécules différentes, qui sont classées suivant leur activité anti-inflammatoire (de « faible » à « très forte »)
- Leur utilisation doit, cependant, respecter des règles qui permettent, dans l’immense majorité des cas, d’éviter les effets indésirables
Actions biologiques :
- Vasoconstriction
- Effet anti-inflammatoire : c’est l’effet thérapeutique le plus recherché, le DC diminue l’érythème et l’œdème de toute cause inflammatoire, les cibles sont multiples : leucocytes, macrophages, médiateurs chimiques…
- Effet antimitotique (antiprolifératif) :
➢ Au niveau épidermique : les DC ont un effet atrophiant
➢ Au niveau dermique : les DC les plus forts inhibent la croissance des fibroblastes et diminuent la synthèse de collagène et des fibres élastiques
- Effet immunosuppresseur : les DC diminuent les cellules de Langerhans et réduisent leur capacité de présentation de l’antigène
- Tachyphylaxie (tolérance aigüe) : elle se révèle par la résistance (tolérance) au traitement lors d’applications prolongées et ininterrompues
Classification :
Activité / Niveau | DCI | Spécialité |
Très forte / IV |
Bétaméthasone dipropionate Clobetasol propionate |
Diprolène® Clotasol® |
Forte / IV |
Bétaméthasone dipropionate Acéponate d’hydrocortisone Hydrocortisone butyrate Désonide |
Diprosone® / Bétasone® Efficort® Locoïd® Locatop® |
Modérée / II | Désonide | Locapred® |
Faible / I | Hydrocortisone | Hydracort® / Cortiderm® |
Pharmacocinétique :
- Biodisponibilité cutanée (pénétration cutanée) : dépend de plusieurs facteurs :
➢ Facteurs liés au DC : liposolubilité et concentration, nature de l’excipient (pénétration favorisée par une pommade), présence d’adjuvants (acide salicylique et urée)
➢ Facteurs liés à la peau : altération de l’épiderme (augmentation de la pénétration), bonne hydratation (meilleure diffusion), site anatomique (en fonction de l’épaisseur de la couche cornée), âge (absorption plus importante chez les sujets âgés et les prématurés), température cutanée (augmentation de la pénétration avec augmentation de la chaleur locale)
➢ Facteurs liés au mode d’application : surface d’application, durée du contact, occlusion (multiplie l’absorption cutanée par 10)
- Effet réservoir : c’est l’accumulation d’un DC dans la couche cornée de l’épiderme pour être libéré ensuite progressivement vers les couches profondes. Il disparaît lorsque la couche cornée est pathologique
Modalités d’utilisation des DC :
- Choix du niveau d’activité : dépend de :
➢ Type et surface de la dermatose : éviter les DC très forts sur des grandes surfaces
➢ Siège des lésions : DC faible à modéré sur la peau mince (visage)
➢ Âge du patient : DC faible à modéré chez l’enfant
- Choix de la forme galénique : dépend de la nature et du siège des lésions
➢ Crème : a des indications très larges
➢ Pommade : utilisée pour des dermatoses sèches, hyperplasiques, kératosiques. À éviter dans les plis
➢ Gel : utile pour les lésions suintantes et les plis
➢ Lotion : adaptée aux régions pileuses
- Règles posologiques : une application par jour suffit en général, sauf si altération épidermique (2x/j).
En cas de traitement prolongé, éviter l’arrêt brutal qui expose à l’effet rebond (réapparition des symptômes), réduire progressivement la puissance du traitement, soit par espacement des applications (1 jour/2 puis /3) soit en utilisant un DC de niveau inférieur
Indications :
C’est un traitement symptomatique et non-étiologique
- Corticoïde seul :
➢ Parmi les indications anti-inflammatoires : dermatite de contact allergique (eczéma de contact +++), dermatite atopique, dermatite de contact d’irritation, photosensibilisation (effet anti-inflammatoire sur le coup de soleil), prurit divers (sauf pour la gale +++), autres (lichen plan localisé, piqûres d’insecte, dyshidrose)
➢ Pour les effets antiprolifératifs : lichenification (le DC supprime le prurit et diminue l’infiltration), psoriasis, cicatrices hypertrophiques et chéloïdes
➢ Autres indications : dermatite séborrhéique, sclérodermie en plaques, pelade, vitiligo, dermatite bulleuse
- En association :
➢ Avec l’acide salicylique (Diprosalic®) : pour les dermatoses squameuses
➢ Avec le Daivonex® (dérivé de la vitamine D) : Daivobet®
➢ Avec les antifongiques et les antibiotiques : cette association n’est pas justifiée
Contre–indications :
Dermatoses infectieuses virales, bactériennes, fongiques et parasitaires (sauf pour la gale eczématisée), dermatoses ulcérées, dermatoses faciales (acné, rosacée)
Effets secondaires :
- Locaux :
➢ Atrophie : épidermique (réversible, épiderme fin en « papier de cigarette », visage +++), dermique (définitive, retard de cicatrisation, pseudo-cicatrices, télangiectasies, purpura ecchymotique
➢ Dermatites rosacéiformes du visage : acné induite, aggravation d’une rosacée ou d’une dermatite péri-orale
➢ Infections cutanées : aggravation d’une infection (herpès), infection secondaire à une dermatose
➢ Oculaires : glaucome, cataracte / Hormonaux : hypertrichose, hyperplasie sébacée
➢ Divers : granulome glutéal infantile (dermatose de siège chez le nourrisson), hypopigmentation, eczéma de contact allergique au CS ou à l’excipient
- Systémiques : rares, s’observent surtout chez le nourrisson et l’enfant (application sur des grandes surfaces ou sous occlusion), les effets sont les mêmes que ceux observés après une corticothérapie par voie systémique (freinage de l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénales, syndrome cushingoïde)
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