Medicinus – Cours de Médecine en ligne

Ectoparasitoses cutanées

Ectoparasitoses cutanées
(Last Updated On: )

Gale acarienne humaine

Introduction :

Il s’agit d’une maladie ectoparasitaire cosmopolite, très contagieuse, due à la colonisation cutanée par un acarien Sarcoptes scabiei, variété hominis

Épidémiologie :

Contact humain direct : peau contre peau, le plus souvent au sein d’un couple (Infection Sexuellement Transmissible) ou d’une famille

Indirecte : rarement, par contact avec le linge ou surtout la literie

Clinique :

Incubation : 3 semaines en cas de primo-infestation, 1-3 jours si ré-infestation

Signe subjectif : prurit +++ : diffus, épargnant le visage et le dos, à recrudescence nocturne, souvent conjugal ou familial

Lésions objectives :

Non-spécifiques : fréquentes, dues au grattage

Topographie : évocatrice, espaces interdigitaux, face antérieure des poignets, coudes, ombilic, fesses, face interne des cuisses, organes génitaux externes chez l’homme, mamelon et aréole mammaire chez la femme

Spécifiques : plus rares, à rechercher systématiquement

Sillons scabieux : trajet de l’acarien femelle dans la couche cornée, lésions sinueuses de quelques millimètres de long, visibles surtout entre les doigts et sur  la  face  antérieure  des  poignets,  peuvent  être  mis  en  évidence  par coloration à l’ancre, chaque sillon contient les œufs pondus et, à l’une des extrémités, se trouve une discrète surélévation correspondant à la position de l’acarien femelle

Vésicules  perlées :  petites  élevures  translucides,  reposant  sur  une  base érythémateuse, siègent surtout dans les espaces interdigitaux

Nodules  scabieux :  papulo-nodules,  rouges  violacés,  prurigineux,  parfois excoriés, siégeant surtout sur les régions axillaire et génitales de l’homme

Gale du nourrisson : en plus des signes déjà mentionnés, on retrouve des vésiculo-pustules

palmaires et plantaires (+++), nodules scabieux péri-axillaires, atteinte possible du visage

Gale profuse : caractérisée par le caractère profus et étendu de l’éruption cutanée (y compris le dos). Elle est la conséquence d’un diagnostic tardif, parfois d’un déficit immunitaire

Gale hyperkératosique (dite Norvégienne) : très contagieuse

Prurit : souvent discret voire absent

Terrain : immunodéprimés ou sujets âgés en collectivité

Clinique : atteinte de tout le corps, y compris le visage, le cuir chevelu et les ongles, avec zones hyperkératosiques

Gale des « gens propres » : trompeuse (car pauci-lésionnelle, signes spécifiques très discrets), le diagnostic repose sur l’anamnèse (caractéristiques du prurit et contexte familial) et la recherche des lésions spécifiques

Formes compliquées :

Surinfection : impétiginisation des lésions

Eczématisation : secondaire à la gale ou à son traitement

Nodules post-scabieux : lésions papulo-nodulaires ubiquitaires, prurigineuses, rouges ou cuivrées, pouvant persister plusieurs semaines après un traitement efficace. Ils sont d’origine immuno-allergique

Évolution :

Diagnostic positif :

Le diagnostic est, avant tout, clinique et repose sur :

Diagnostic différentiel :

Pédiculose corporelle, gale d’origine animale (qui donne chez l’homme un prurit avec des lésions excoriées, mais pas de sillons), autres causes de prurit

Traitement :

Benzoate de benzyle (Ascabiol®) : lotion à 10%

Mode d’emploi : après un bain tiède, sur peau humide et respectant le visage et les muqueuses, on applique : J1 -> 2 applications le soir à 10 min d’intervalle, J2, J3, J4 -> renouveler l’application sans se laver, J5 -> prendre un bain. Chez le nourrisson, un seul badigeonnage dilué de ½, gardé  12-24h,  bander les mains pour éviter l’ingestion accidentelle

Effets secondaires :

Locaux : irritation, cuisson, eczéma de contact

Généraux : toxicité neurologique si ingestion ou passage cutané

Organochlorés (Lindane : Scabécid®) : lotion à 1%

Mode d’emploi : une seule application sur peau sèche, appliquer le produit puis rincer (après 12h chez l’adulte, après 6h chez l’enfant). À renouveler 1 semaine après si échec

Effets secondaires :

Locaux : irritation et eczéma de contact

Généraux : toxicité neurologique (+++), rénale, hématologique et hépatique

Contre-indications : enfant de moins de 2 ans, femme enceinte (plus grand risque de passage cutané)

Crotamiton (Eurax®) : crème à 10%

Indications : traitement symptomatique du prurit et des nodules scabieux

Mode d’application : 2 à 3 fois par jour

Autres : Pyrethrine (Spregal®), Benzochloryl (DDT®), vaseline soufrée (2-10%, surtout pour la gale des nourrissons)

Mode d’emploi : à raison de 200 µg/kg à jeun depuis 2h, soit 1 comprimé de 3 mg/15 kg, une 2e dose à 15 jours d’intervalle peut être nécessaire

Indication : gale croûteuse, gale de patients infectés par VIH

Contre-indications : grossesse, enfant moins de 15 kg ou 2 ans

Pédiculoses :

Pediculus humanus variété capitis : qui vit dans le cuir chevelu

Pediculus humanus variété corporis : qui vit dans les vêtements et se nourrit sur le corps

Phtirius pubis (ou inguinalis) : qui vit sur le pubis

Pédiculose de la tête :

Prurit : du cuir chevelu (50% des cas), surtout dans les régions temporales, occipitales et rétro-auriculaires, pouvant s’étendre vers la nuque et le haut du dos

Lésions de grattage : du cuir chevelu et de la nuque

➢ ± des lésions croûteuses surinfectées (impétiginisation), des adénopathies cervicales voire même une eczématisation (tout impétigo de la nuque ou du cuir chevelu doit faire rechercher une pédiculose)

Pédiculose corporelle :

Prurit : intense et généralisé (lié à une sensibilisation à la salive du pou)

Lésions de grattage : disséminées sur le tronc et la racine des membres, pouvant être hémorragiques ou se surinfecter, parfois des lésions urticariennes ou mélanodermiques

Pédiculose pubienne (phtiriase) :

Traitement des pédiculoses :

➢ Les traitements sont des insecticides neurotoxiques pour le pou ; quelle que soit leur classe, ils doivent avoir une activité pédiculicide et lenticide

➢ Les shampooings et les poudres sont moins efficaces que les solutions, les lotions ou les crèmes. L’utilisation de spray est contre-indiquée si l’enfant ou le parent utilisateur est asthmatique en raison du risque de bronchospasme

Organophosphorés (Malathion :  Prioderm®) :  est  le  chef  de  file,  lotion  de  0.5%  pour application locale, évité avant 6 mois, pédiculicide et lenticide, une application, raie par raie, de 10-20 ml sur le cuir chevelu et les cheveux non-humides, puis suivie, 12h après d’un shampooing non-traitant, d’un rinçage à l’eau vinaigrée et d’un peignage soigneux

Pyréthrines : la durée de l’application varie selon l’âge et la spécialité utilisée (quelques minutes à quelques heures), pédiculicide et lenticide, ils existent plusieurs formes : lotion, solution, shampooing, crème. Exemple : item antipoux® shampooing (0.4%) et lotion (0.3%)

Lotion : appliquer à la base des cheveux de manière à bien humidifier l’ensemble du cuir chevelu et la chevelure, laisser en contact 10 minutes puis rincer

Shampooing : mettre 8-20 ml sur le cuir chevelu préalablement mouillé, bien faire mousser, laisser en contact 5-10 minutes puis rincer. 2e application 24h après

Organochlorés  (Lindane : Scabecid®,  Aphteria®) : pédiculicide mais faiblement lenticide, doivent être évités (toxicité neurologique potentielle). Aphteria® : laissée pendant une nuit, renouveler l’application le lendemain et 8 jours après

Pédiculose du cuir chevelu :

Mesures  individuelles :  en  première  intention :  lotions  à  base  de  Malathion (Prioderm®), pour les personnes vivant dans le même foyer, seuls les sujets parasités sont traités

Autres mesures : il faut traiter les vêtements et la literie en cas d’infestation massive : lavage en machine à 50°C des draps, des oreillers, des peluches et des bonnets. Peignes et brosses sont trompés dans l’insecticide ou isolés pendant 3 jours

Pédiculose corporelle : la décontamination du linge et de la literie par la poudre Aphteria® est le plus souvent suffisante

Pédiculose pubienne : les poux du pubis relèvent du même traitement que la pédiculose du cuir chevelu, le rasage des poils est parfois nécessaire si les lentes sont abondantes, les vêtements et la literie sont lavés à 50°C, dépister une autre IST associée et traiter les partenaires

Quitter la version mobile