I- INTRODUCTION :
- L’Epidémiologie étudie la distribution temporelle et spatiale des états de santé dans des populations humaines, des facteurs qui déterminent cette distribution et des résultats des actions entreprises pour les contrôler
- Cette définition résume les trois étapes du raisonnement Epidémiologique (scientifique) à savoir :
– l’observation et la description de l’évènement,
– les hypothèses et l’explication de sa survenue
– et enfin l’évaluation des actions de prise en charge et de prévention.
- Donc il en découle de cette philosophie, l’épidémiologie descriptive, analytique et évaluative.
- On peut aussi citer l’épidémiologie prédictive : avec les données du passé, elle propose des modèles et des scénarios sur l’évolution future des maladies, en faisant varier la présence des facteurs déterminants pris comme paramètres.
II- MÉTHODES EN ÉPIDÉMIOLOGIE :
Le raisonnement épidémiologique se construit selon une progression naturelle:
- Description des états de santé : Utile pour la surveillance et la planification sanitaire et génération des hypothèses de recherche.
- Épidémiologie étiologique ou analytique pour vérifier ou infirmer le ou les hypothèses, rechercher les causes de maladies et mesurer les risques correspondants.
- Épidémiologie évaluative pour déterminer l’intérêt et l’apport des interventions à l’échelle d’une population
III- ÉPIDEMIOLOGIE ANALYTIQUE :
- Elle cherche à déterminer le rôle que peut jouer un ou plusieurs facteurs dans la genèse d’une ou plusieurs maladies.
- Doll et Hill au début des années cinquante ont mis en évidence l’existence d’une relation de causalité entre l’usage des cigarettes et l’accroissement du risque de cancer bronchopulmonaire.
- Cet exemple montre que l’association entre exposition et maladie est une information beaucoup plus forte lorsqu’elle est mise en évidence dans le cadre d’une étude planifiée à cette fin que lorsqu’elle est observée de façon fortuite.
- Elle génère des mesures d’association et établit la relation de cause à effet.
- Elle nécessite la constitution de deux groupes :
– Exposés au facteur de risque et non exposés
– Ou malades et non malades.
- L’observation du facteur et de la maladie peut être réalisée au même moment, c’est la manière synchrone ou transversale. Ou à des moments différents c’est l’étude longitudinale, c’est-à-dire l’exposition au facteur et l’apparition de la maladie sont distingués et l’exposition précède la maladie.
IV- NOTION DE RISQUE :
1- Signification :
Probabilité de survenue d’un événement de santé (maladie, décès…) dans une population à un moment donné ou pendant un intervalle de temps donné suite à l’exposition à un ou plusieurs facteurs de risque
2- Mesures de risque ou d’association :
Pour établir clairement les définitions des mesures d’association on distingue plusieurs types de méthodologie d’enquête selon la chronologie du recueil des données et le type de comparaison effectuée.
- Enquête de cohorte
- Enquête cas témoins
- Enquêtes transversales
Les études analytiques génèrent des indicateurs de risque ou mesures d’association.
→ Risque de maladie : c’est le risque d’être malade au cours d’une période ( t,t+dt ), correspondant ainsi à la probabilité de devenir malade durant cette période. Il est égal au nombre de nouveaux cas enregistrés entre t et t+dt divisé par le nombre de sujets non malades au début de la période ( t ).
CRITÈRES DE CAUSALITE :
- constance de l’association observée : reproductibilité
- force d’association
- spécificité de l’association
- cohérence chronologique
- gradient dose effet
- cohérence avec les connaissances biomédicales (plausibilité biologique )
- arguments expérimentaux
V- ÉTUDES A VISÉE ÉTIOLOGIQUES LONGITUDINALES :
Elles suivent une démarche directe ou à rebours.
- Etude directe : Elle débute par la classification des individus de la population d’étude suivant l’exposition ou non à un facteur de risque (étude de cohorte)
- Etude inverse ou à rebours : Les individus sont classés selon la présence ou non de la maladie et on cherche l’exposition au facteur étudié (étude cas-témoins)
1- Enquêtes de cohorte :
a- Définition :
- Étude du risque de plusieurs maladies
- Expositions rares. Ex: exposition à l’atazanavir et apparition de lithiases
- Séquence chronologique exposition / maladie plus facile à établir
- Données d’incidence et donc meilleure estimation du risque (RR)
- Enquêtes de cohorte
Inconvénients :
- Souvent coûteuses et longues
- Perdus de vue
- Peu performantes pour les maladies rares, ou à temps de latence long
- Enquêtes de cohorte
b- Mesures d’association : risque relatif :
Risque relatif = RR = [a/(a+b)] / [c/(c+d)]
Présentation des données :
Malade | Non malade | Total | |
Exposé | a | b | a+b |
Non exposé | c | d | c+d |
– le: incidence de la maladie chez les sujets exposés (a/a+b), le= risque RI
– Ine: incidence de la maladie chez les sujets non exposés (c/ c+d), lne= risque R2
RR = RI / R2
Le rapport de ces deux risques nous donne une mesure d’association = Risque relatif:
C’est le rapport entre le taux d’incidence chez les sujets exposés sur le taux d’incidence chez les sujets non exposés.
c- Mesures d’association: interprétation : Interprétation du RR
2- Enquêtes cas-témoins :
a- Définition :
- Étude rétrospective
- Sélection de la population en fonction de la présence ou non du critère de la maladie
- Recherche rétrospective de l’exposition aux facteurs de risque
Avantages :
- Intérêt :
– Résultats rapides
– Coût faible
- Indications :
– Maladies dont les périodes de latence sont longues, ex: cancer du poumon et tabac
– Maladies rares
– Étude de plusieurs facteurs de risque pour une seule maladie, ex: cancer de l’œsophage et exposition au tabac et à l’alcool
Inconvénients :
- Non adapté pour l’étude :
– De plusieurs maladies o Des expositions rares
– De la relation chronologique entre exposition et maladie
- Ne permettent pas un calcul direct des taux d’incidence de la maladie chez les patients exposés et non exposés :
– Estimation du risque par OR (Odds Ratio)
- Les risques de biais sont importants particulièrement ceux de sélection et de mémoire (recueil rétrospectif)
b- Mesures d’association : OR
Odds Ratio = OR = ad / bc
Exposé | Non exposé | |
Cas | a | b |
Témoin | c | d |
Côte d’exposition chez les cas = a/b Côte d’exposition chez les témoins= c/d
On définit ainsi le rapport de côtes d’exposition RC ou Odds Ratio qui représente une estimation du risque relatif.
Il compare les côtes d’exposition entre les cas et les témoins,
- OR montre une simple liaison entre un facteur de risque et la présence de la maladie.
- Inconvénient: ne permet pas de savoir si la maladie est apparue avant ou après l’exposition.
c- Mesures d’association: interprétation Interprétation du OR :
VI- ÉTUDES AVISÉE ÉTIOLOGIQUES TRANSVERSALES :
a. Définition :
- Enquête pendant une période définie: « photographie »
- Visée surtout descriptive
- Mesure d’une prévalence: exposition ou maladie
- Échantillon de population représentatif
Avantages :
- facilité de mise en œuvre
Inconvénients :
- biais de sélection (patients sortis de la cohorte car malades par ex)
- relation temporelle exposition – maladie ?
Rapport de prévalence → Études transversales
prévalence chez les sujets exposés (P exp)
prévalence chez les sujets non exposés (P non exp)
– Rapport de prévalence: Rp= P exp / P non exp
– Sur échantillons électifs par rapport à la maladie, on peut l’analyser mathématiquement comme une véritable enquête cas-témoins.
VII- AUTRES MESURES D’ASSOCIATION :
1- Risque attribuable :
C’est : taux de malades chez les sujets exposés moins le taux de malades chez les sujets non exposés. Il représente la partie du risque exclusivement liée au facteur étudié.
2- Fractions étiologiques d’un risque :
La part d’implication d’un risque dans la survenue d’une maladie (ou son impact si le facteur est protecteur ) peut être exprimée par le calcul des fractions étiologiques du risque. Dire que la fraction du risque d’un facteur donné dans la population est de 80% , signifie que 80% des cas sont attribuables à ce seul facteur et pourraient être évités s’il était éliminé (2).
VIII- CONCLUSION :
- La notion de risque est très importante en Epidémiologie.
- Elle se base sur les enquêtes épidémiologiques analytiques.
- L’enquête de cohorte reste la plus précise
- En pratique courante les enquêtes cas témoins et les enquêtes transversales sont les plus utilisées.
- La réduction des problèmes de santé repose sur la prévention et nécessite donc une connaissance rigoureuse des risques encourus d’où l’intérêt des études de cohorte (longitudinales)
Cours du Dr Z. LAIB – Faculté de Constantine
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