I- Généralités :
- Intoxication saisonnière fréquente en Algérie.
- Souvent accidentelle et collective.
- De gravité immédiate ou insidieuse :
- Centaine de décès par saison (Novembre-Février)
- 300 à 400 décès annuels en France,
- 1000 à 2000 décès aux Etats-Unis (Milliers de Consultations aux Urgences/Intox au CO)
- Risques de séquelles neuropsychiques, à long terme, d’évaluation encore difficile.
LE MONOXYDE DE CARBONE :
- Le CO est le produit principal de toute combustion incomplète de substances carbonées :
C + O2 → CO2
C + ½O2 → CO
- La quantité produite est fonction de l’efficacité de la combustion et de la disponibilité d’oxygène lors de la combustion.
- Gaz inodore, incolore, insipide, non irritant de densité = 0,976 d’où sa grande diffusion
- Une grande affinité avec l’HB (240 fois)
- Une fois la liaison est formée, il incapable de fixer F02 et le transporter.
- Diminution du taux de F02 dans le sang=> une anoxie tissulaire.
- Le CO se fixe sur l’hémoglobine et sur les cytochromes.
- Eliminé par voie pulmonaire.
- 4-5 H à l’air libre.
- Oxygénothérapie isobare : 1H Vi.
- 20 Min en Hyperbare.
II- Sources domestiques du CO :
- Le Brasero ou Kanoun.
- Le chauffe-eau au gaz naturel mal installé: Appareil défectueux; installation mal adaptée
- Les cheminées à tirage insuffisant.
- Les moteurs à explosion des automobiles.
- L’inhalation de fumée d’incendie, de tabac, de narguilé ou chicha, etc…
III- Les formes médico-légales :
A- La forme accidentelle :
C’est la forme la plus fréquente, ce sont des intoxications qui ont un caractère nocturne et collectif, elle s’observe surtout avec les appareils de chauffage domestique.
B- La forme professionnelle :
Elle se voit chez les ouvriers, les fonderies des mines, et les usines à gaz, ou dans les usines de métallurgie.
C- La forme suicidaire :
Fréquente également et difficile à réaliser, c’est l’apanage des femmes et des jeunes nerveux, souvent une association à un autre toxique est à rechercher.
D- La forme criminelle :
Exceptionnelle et difficile à réaliser.
IV- La physiopathologie :
Le CO agit essentiellement sur la respiration.
A- Action sur l’hémoglobine :
HbO2+CO ↔ HbCO+O2
- Comme décrit précédemment le HbCO (carboxyhémoglobine) formé est incapable d’apporter T 02 ce qui a pour conséquent une anoxémie aiguë.
- Si 2/3 de l’hémoglobine est bloqué sous forme de HbCO la mort est certaine.
- Cependant cette réaction est réversible et l’hémoglobine libérée n’est pas altéré et reprend immédiatement son rôle dans la respiration
B- Action sur les oxydations cellulaires :
- Le CO bloque les oxydations cellulaires en agissant directement sur le cytochrome oxydase entraînant une anoxie cellulaire.
V- La clinique :
A- Intoxication aiguë :
1- La phase d’imprégnation toxique :
Elle s’accompagne de manifestations neurosensorielles à type de : céphalée, vertige, nausée, bourdonnement d’oreille, troubles de l’acuité auditive et visuelle, un état d’ébriété.
2- La phase de coma :
- Il s’agit d’un coma profond et calme
- Les pupilles sont en myosis
- Les réflexes ostéo-tendineux abolis
- Le Babinski est bilatéral.
- Cette phase s’accompagne de manifestations :
– Cutané : coloration rosé et phlyctène (exceptionnelle).
– Respiratoire : encombrement bronchique.
– Cardio-vasculaire : collapsus.
3- Les complications :
- Elles sont nombreuses, certaines apparaissent précocement et aggravent le coma, tandis que d’autres sont plus tardives et font plutôt partie des séquelles.
a- Précoces :
- OAP et collapsus cardiovasculaires sans parallélisme, ou avec, les troubles de la conscience.
- Troubles de rythme, Décès.
- Crises convulsives.
b- Tardives :
- S. Extrapyramidaux : Parkinson.
- S. Complexes des noyaux gris centraux.
- Troubles Mentaux.
- Troubles Sensoriels : Cécité, surdité, névrites périphériques.
B- Intoxication chronique :
- Elle se voit surtout en milieu industriel et chez les grands fumeurs, caractérisée par la triade de DUVOIR-GAULTIER :
– Céphalées : fronto-temporales, souvent pulsatiles parfois permanentes.
– Asthénie : d’apparition précoce et d’installation progressive.
– Vertiges : peuvent aller jusqu’à la syncope.
- Cette triade peut être associée à des troubles digestifs, cardiaques, neurologiques ou sensoriels.
VI- Diagnostic médico-légal :
A- Chez le vivant :
Il repose essentiellement sur :
- L’anamnèse.
- L’importance des signes cliniques.
- Le dosage toxicologique. (+++)
- Prélèvement de sang veineux et mesure du pourcentage d’HbCO par le CO- Oxymètre :
- Si HbCO > 66% décès certain.
- Si HbCO aux environs de 50% pronostic fâcheux.
Exp :
- Un taux de HbCO < 0,8 ml/100ml du sang est considéré comme un taux normal.
- Un taux de HbCO < 5 à lOml/lOOml du sang est un taux important (imprégnation certaine).
- Un taux de HbCO > lOml/lOOml du sang est un taux très grave.
B- Chez le cadavre :
1- à l’examen externe :
- Cyanose de la face et des ongles.
- Les lividités cadavériques ont une coloration rose vif ou rose carminée.
- Des suffusions sanguines (ecchymose sous conjonctivale, hyperhémie) sous les conjonctives, sous le cuir chevelu, et sous la muqueuse buccale.
- Des phlyctènes (+/-) et des escarres peuvent apparaître aux points d’appui.
2- à l’autopsie :
- Le cerveau et les méninges sont congestifs.
- Présence de spume aérées (mousse d’OAP). Les poumons sont congestifs et colorés en rose carminée.
- Sous les plèvres apparaissent des taches ecchymotiques. tâches de TARDIEU
- Les muscles ont une coloration rouge vif.
- Le sang est fluide et de coloration rose groseille.
3- les examens complémentaires :
- L’examen anatomo-pathologique : Micro foyers de nécrose cellulaires au niveau des organes.
- L’examen toxicologique : (le diagnostic de certitude) +++
– le dosage du CO et de T HbCO
+ Sang cardiaque sur seringue étanche.
+ Muscle (10 à 15gr) si putréfaction.
– Le coefficient de BALTHAZARD = HbCO/ Hb totale Si il est égal à 2/3 (66%) => mort certaine par le CO.
Cours du Dr Ghennam – Faculté de Constantine
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