Introduction :
Le diagnostic en dermatologie repose, tout comme dans les autres spécialités médicales, sur l’interrogatoire, l’examen physique et des investigations complémentaires
Le tégument est souvent le miroir des maladies internes ; la découverte de signes cutanés, facilement accessibles a l’analyse séméiologique et a la biopsie, peut ainsi épargner au malade d’autres explorations couteuses ou inconfortables
les « lésions élémentaires » sont les modes de réponse de la peau aux différentes maladies et aux agressions qu’elle subit
la lésion doit pouvoir être individualisée assez facilement sans être confondue avec une autre lésion
Ces lésions élémentaires constituent un « alphabet » que le médecin doit apprendre à lire pour être capable de faire le diagnostic d’une maladie qui touche la peau
Nous proposons de classer les lésions élémentaires principalement en : fonction des deux critères suivants
- le caractère palpable ou non de la lésion ;
- la présence d’altération à la surface de la lésion.
Lésions primaires :
sont les lésions qui apparaissent de novo et qui reflète le processus lésionnel initial .
A- Lésion non palpable : macule
Il s’agit d’une lésion visible mais non palpable
Elle résulte d’une modification localisée de la couleur de la peau sans altération visible de sa surface (sans reliefs)
la taille : varie habituellement entre 5 et 20 mm
peut résulter d’une anomalie siégeant dans :
- l’épiderme exemple :vitiligo
- le derme exemple : pétéchie
- l’épiderme et le derme exemple : hyperpigmentation post- inflammatoire

- Les macules peuvent être classées selon leur couleur et les effets de la vitropression En :
1) macules dyschromiques : qui peuvent être :
- blanches exemple : vitiligo
- pigmentaire exemple : lentigo
- bleu-gris exemple : tache mongolique
- jaunes exemple : xanthome plan



2) macules érythémateuses :
Les macules rouges méritent une mention spéciale du fait de leurs particularités sémiologiques et de leur fréquence.
Elles peuvent résulter d’une vasodilatation active ou passive (exemple : exanthème, cyanose) ou par accumulation sanguine intra vasculaire (exemple : angiome).
Elles disparaissent alors à la vitropression, par opposition aux macules purpuriques qui résultent de dépôts extravasculaires de globules rouges et qui persistent à la vitropression.
1- L’érythème :
est une rougeur localisée ou diffuse de la peau, s’effaçant à la vitropression, permanente ou paroxystique,
La couleur varie du rose pâle au rouge foncé .
L’érythème diffus associe souvent des lésions planes et des lésions palpables papules et/ou plaques réalisant ainsi, lorsqu’il est d’apparition brutale, un exanthème maculopapuleux .
On a :
L’exantheme morbiliforme : constitué de macules rouges qui ont tendances a confluer tout en respectant des intervalles de peau saine .
L’exantheme scarlatiniforme : c’est une rougeur intense ,diffuse, qui conflue sans laisser d’intervalle de peau saine et quin donne l’impression d’un granité à la palpation .


La roséole :c’est une lésion de couleur rose bien individualisée mesurant en général moins de 02 cm ex: la roséole syphilitique .
L’erythrodermie : un érythème diffus, d’évolution prolongée, grave, touchant plus de 90 % de la surface corporelle, s’accompagnant d’emblée ou très rapidement d’une desquamation.

2- La cyanose :
c’est une coloration bleu violacée de la peau avec diminution de la température locale touchant les extrémités et les muqueuses qui conflue sans intervalles de peau saine.
3- Macule vasculaire : lésions rouges non palpables correspondent à une dilatation permanente des petits vaisseaux du derme superficiel et /ou à un excès du nombre des capillaires :
télangiectasies: c’est des lésions rouges non palpables correspondant a une dilatation permanente des petits vaisseaux du derme superficiel sous forme de petites lignes sinueuses de quelques mm se vidant a la vitropression.
La poikilodermie: c’est l’association d’une atrophie cutanée et une pigmentation réticulée et des télangiectasies.
L’angiome plan : lésion congénitale, de taille variable, chronique tout au long de la vie, rouge foncé , bien limitée.


4- Le purpura : c’est une rougeur permanente ne s’effacant pas a la vitropression témoignant d’une hemorragie intra cutanée.
Le purpura peut être circonscrit ou étendu et passer par différentes teintes allant du rouge au bleu au vert au jaune pour laisser persister de facon passagere ou durable une sequelle brune
pétéchies : c’est des lésions purpuriques limitées de petites dimensions
vibices : c’est des stries linéaires purpuriques +/-larges et +/- allongés
ecchymose : plaque purpurique étendue a contour irrégulier comportant souvent des teints variés .


3) macule atrophique :
c’est une lésion non palpable qui peut conserver une couleur normale mais devenir visible du fait d’une transparence inhabituelle de la peau, laissant apparaître les vaisseaux, devenant lisse et finement fripée en prenant ainsi un aspect en « papier à cigarette »
B– Lésions palpables :
Elles sont perceptibles lorsqu’on promène la pulpe des doigts parallèlement à la surface des téguments en exerçant une pression variable, alors même qu’elles sont parfois invisibles.
Il existe plusieurs types de lésions palpables que l’on distingue en :
- fonction de leur contenu (liquidien ou solide).
- Et de leur taille .
- Et de leur localisation cutanée (superficielle ou profonde).
1) Lésions solides :
a) La papule : est habituellement définie comme une lésion palpable de petite taille, de contenu non liquidien.
Sa taille ne doit pas dépasser 10 mm.
les papules peuvent être de distribution foliculaire ou non folliculaire.
papules doivent être distinguées des autres lésions palpables qui sont plus grandes (plaque, nodule, tumeur), situées plus profondément (nouure), de contenu liquidien (vésicule, bulle) ou qui résultent principalement d’une altération de la surface (corne, kératose).



b) plaque :
désigne des lésions en relief plus étendues en surface qu’en hauteur et mesurant plus de 1 cm

c) La lichénification : consiste en un épaississement de la peau avec exagération de ses sillons, qui rend apparent son quadrillage normal

d) Le tubercule :
est une lésion palpable intradermique sans (ou avec peu de) relief.
Ces lésions sont souvent d’évolution chronique ou ont tendance en régressant à laisser une cicatrice
Elles sont circonscrites et mobiles par rapport à l’hypoderme.
e) Le nodule :
est une masse palpable, non liquidienne, mesurant plus de 10 mm. les nodules sont de siège dermique et/ou hypodermique.
f) tumeur :tout nodule>20mm sans caractére inflammatoire.
g) nouure : est un nodule de grande taille (souvent plus de 5 cm), à extension hypodermique,


h) Gomme : comme la nouure lorsqu’elle est à la phase de crudité passe en suite au ramollissement puis fistulisation et en fin la cicatrisation.
I) VÉGÉTATIONS :
Excroissances d’allure filiforme, digités ou lobulés ramifiés en chou-fleur de consistance molle.
Fréquentes sur les muqueuses ou autour des orifices naturels.
La surface de la lésion est formée d’un épiderme aminci et rosé.
J) Verrucocité : sont des excroissances d’allure filiforme, digitée ou lobulée, parfois ramifiées en chou-fleur dont la surface est recouverte d’un enduit corné, kératosique souvent grisâtre, plus ou moins épais .

k ) Cordon : sont des lésions facilement palpable évoque une corde ou une ficelle, sont linèaires, plus ou moins de taille très variable.
l) Sillon : petit tunnel dans la peau qui héberge habituellement un parasite.
Il s’agit souvent de lésions millimétriques à peine visibles et/ou palpables.
2) Lésions de contenu liquidien :
Il s’agit d’une lésion le plus souvent palpable qui soulève la peau en formant une cavité qui contient un liquide.
Les lésions dont le contenu est liquidien sont distinguées en fonction de leur taille et de l’aspect du liquide
Vésicule :
- soulevement circonscrit de la peau
- Taille :de moins de 3mm contenant un liquide clair .
Bulles :
- soulèvement circonscrit de la peau .
- Taille :de plus de 05mm .
- contenant un liquide clair ,séro purulent ou hémorragique. Elles peuvent se localiser sur la peau, mais aussi sur les muqueuses externes (buccale, conjonctivale, nasale, ano-génitales).
1- les bulles sous–épidermiques : le toit est solide et qui peuvent reposer sur une peau normale, érythémateuse ou urticarienne.
2- bulles épidermiques : fragiles, souvent spontanément rompues, se présentant alors comme une érosion bordée d’une collerette.
PUSTULE :
Lésion en relief de quelques mm ou cm, de contenu d’emblée purulent de coloration blanc laiteux ou jaunâtre .
Parmi les pustules, on distingue :
1- lésion folliculaire : qui sont acuminées par un poil (exemple : folliculite)
2– lésion non folliculaire : en générale plus planes et non acuminées, de siège intra-épidermique, très superficiel, sous-corné.

Altérations de la surface de la peau :
1– Une érosion :
est une perte de la partie superficielle de la peau (l’épiderme) qui guérit sans laisser de cicatrice.
Il s’agit d’une lésion humide, suintante, se recouvrant secondairement d’une croûte .
- excoriation :
est parfois employé pour désigner une érosion secondaire à un traumatisme, le plus souvent le grattage.
- Une fissure
est une érosion linéaire.
2– Une ulcération :
plus profonde, touche l’épiderme et le derme, si elle guérit laissera une cicatrice, peut se recouvrir d’un enduit fibrineux, d’une croute sérosanglante ou d’une plaque noir.
Un ulcère : perte de substance chronique sans tendance à la guérison spontanée.
- les escarres: des ulcérations aux points de pression.


3– Une fistule :
est un pertuis cutané, de profondeur variable, qui correspond à une communication anormale d’une structure profonde à la surface de la peau.

4- Les squames :
se définissent comme des lamelles de cellules cornées à la surface de la peau.
Elles sont peu adhérentes et se détachent facilement.
Elles sont spontanément visibles ou apparaissent après un grattage à l’aide d’une curette à bord mousse.
Suivant l’épaisseur et l’aspect des squames, on distingue :
- Squames ichtyosiformes : de taille et de forme polygonales (écailles de poisson) ex :ichtyoses héréditaires.

- Squames pityriasiformes : petites squames fines, peu adhérents, blanchâtres et farineuses. (ex pityriasis versicolore).
- Squames scarlitiniformes : en grands lambeaux (ex scarlatine)
- Squames psoriasiformes: blanches, brillantes, épaisses, larges et adhérentes ; le grattage progressif montre un effritement en lamelles (psoriasis ).
- Squames en « collerette » : fines, adhérentes au centre mais non en périphérie, recouvrant une lésion inflammatoire.

5– CROUTE :
un dessèchement superficiel d’un exsudat, d’une sécrétion, d’une nécrose ou d’une hémorragie cutanée.
Le stade évolutif de lésions primitives différentes: bulles, vésicules ou pustules.
6- Une kératose :
épaississement cornée plus large que épaisse,. très adhérentes et dures à la palpation
7- Une corne :
kératose plus épaisse et plus haute que large .
8– La gangrène :
Une nécrose tissulaire noirâtre , tissu cutanée non viable qui tend s’éliminer , froid à la palpation.
9– Cicatrice :
Correspond à l’aboutissement d’un processus de réparation impliquant surtout le derme après une perte de substance ou une inflammation cutanée.
Modifications de la consistance de la peau :
Enfin, certaines lésions sont essentiellement dues à une modification de la consistance de la peau qui devient trop ou pas assez souple.
Ces lésions sont surtout apparentes à la palpation.
1)– L’atrophie cutanée :
se définit par la diminution ou la disparition de tout ou partie des éléments constitutifs de la peau (épiderme, derme, hypoderme ou
deux, voire trois compartiments).
Elle se présente comme un amincissement du tégument qui se ride au pincement superficiel, perdant son élasticité, son relief et prenant un aspect lisse et nacré.

2)- Sclérose :
Visible et surtout palpable, caractérisée par un épaississement et une perte de l’élasticité cutanée, due à la condensation des éléments constitutifs du derme.
3)– Anétodermie :
Dépression à la palpation . Saille à l’inspéction .
Moyen permettant d’affirmer le diagnostic :
- vitro pression.
- lumière de Wood.
- application de certain substance.
- manoeuvre physique.
- grattage par une curette mousse.
- loupe dermatologique .
- dermatoscope.
Conclusion :
- En dermatologie, plus que dans n’importe quelle autre discipline médicale, l’examen physique est l’élément déterminant de la démarche diagnostique.
- Une connaissance parfaite de la sémiologie dermatologique est donc indispensable.
- L’examen dermatologique doit permettre d’identifier la ou les lésions élémentaires, de reconnaître une éventuelle configuration et/ou arrangement remarquable et d’apprécier la distribution des lésions.
- Cette démarche permet de diagnostiquer de nombreuses maladies, sans recours aux examens complémentaires, un privilège rare à notre époque.
Préparé par: Dr bouhila – Encadré par: Dr laroum
Faculté de Constantine
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